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Blog indépendant sur la commune de Mooslargue

Gilets jaunes: de vraies raisons de la colère

17 Février 2019, 08:00am

Publié par Robin Burglin

Dans les revendications des gilets jaunes, et plus largement de cette grosse frange de la France qui se sent tellement mise à l'écart, on ressent outre un manque d'écoute, la sensation qu'une des valeurs fondatrices de la république aurait disparu: l'égalité.

Les géants du fast-food impunis

Un exemple récent qui l'illustre parfaitement m'a interpellé: dans une mise en scène médiatique parfaitement huilée, la secrétaire d'état Brune Poirson a convoqué les patrons de la restauration rapide pour leur rappeler leurs obligations réglementaires en matière de gestion des déchets (voir ici l'annonce sur le site du gouvernement).

On y apprend que les géants du fast-food ne respectent pas leurs obligations de recyclage (on parle de plus de 240 000 tonnes par an), et qu'ils s'exposent "à des sanctions administratives et judiciaires" (jusqu'à 150 000€ d'amende).

Mais rassurez-vous, ils ont été convoqués pour se voir rappeler leurs obligations, et leur demander de proposer un plan d'action.

Au-delà, "ces actions se feraient dans le cadre d’une attention renforcée de l’administration". Et finalement en guise de menace si ce plan d'action n'était pas concluant, le gouvernement publierait le nom des coupables (pratique américaine du "name and shame").

Les géants du fast-food doivent trembler.

Que d'imagination pour ne pas les sanctionner et accessoirement ne pas encaisser des millions d'euros d'amende au profit de l'état!

En effet, la loi existe depuis 2016... mais rien n'a été fait. Il aura fallu une enquête du magasine Envoyé Spécial pour que le gouvernement prenne cette "courageuse" initiative, toujours à la traîne de l'opinion.

Et pour un citoyen lambda?

Vous, moi, flashé au radar à 81 km/h au lieu de 80.

Etes-vous convoqués pour qu'on vous explique vos obligations?

Vous demande-t-on un plan d'action dans les prochains mois?

Si ce plan d'action n'est pas mis en oeuvre, vous menace-t-on d'une "attention renforcée"? Et ensuite, de publier votre nom?

Non, c'est bien plus simple... contravention automatique, perte de point et amende à payer.

Vous voulez contester? Il faut d'abord payer en consignation le montant de votre contravention. Et vous payer un avocat spécialisé si vous en avez les moyens.

Des élites protégées?

Alors pourquoi une telle différence de traitement entre de grosses entreprises, pas toujours très vertueuses en matière d'optimisation fiscale qui plus est, et un citoyen lambda? 

Au hasard viennent plusieurs possibilités:

- poids du lobbying de ces entreprises auprès du gouvernement?

- complaisance d'un gouvernement dont certains ministres sont des anciens du monde industriel et agroalimentaire?

- obéissance aveugle à une croyance à "l'autorégulation du marché", au point qu'il ne nécessiterait même plus d'encadrement législatif?

- copinage entre "anciens" issus des mêmes promotions de grandes écoles ou solidarité entre "cadres supérieurs"?

Le comble? Des effets disproportionnés

Si une chaîne de fast-food était condamnée, le montant de l'amende ne serait certainement pas le maximum autorisé par la loi (150 000 €), mais un montant plus faible pour envoyer un premier signal. Quel impact sur ces entreprises? Négligeable au regard de leur chiffre d'affaire. 

Mais pour un citoyen qui voit son permis s'étioler à force de perte de points pour des infractions dérisoires? La perte du permis, qui peut entraîner le passage dans l'illégalité (conduite sans permis) ou la perte de son emploi... le début d'une spirale infernale.

Mais le gouvernement choisit de ménager les entreprises, et de faire preuve d'une fermeté impitoyable envers les citoyens.

Et par ailleurs...

On pourrait également citer l'affaire Benalla, triste illustration du copinage et des passe-droits, dont chaque jour nous fait découvrir un nouvel épisode.

Ou plus proche de nous à Mooslargue, un petit maire de village qui se fait voter des frais d'avocat illimités aux frais du contribuable, augmentant d'office la ligne budgétaire des contentieux de 1000 %, et poursuivant des concitoyens qu'il considère comme ses opposants politiques pour des motifs parfois futiles...

Les exemples sont sans fin, et laissent bien à penser que le "deux poids, deux mesures" est à l'oeuvre à tous les niveaux de la société.

Et il résulte bel et bien, au moins en partie, de choix politiques clairement décidés et assumés par ce gouvernement.

Le sentiment diffus se propage, que de simples citoyens, nous serions devenus des "sous-citoyens" de fait, pour lesquels faire valoir son bon droit devient un combat à armes inégales. Tout en voyant apparaître une caste de "privilégiés" (les "élites"), utilisant des moyens importants qui proviennent des entreprises, collectivités ou institutions qui les emploient ou les mandatent.

Tant que ceci perdurera, il sera difficile de réconcilier nos "élites" et "politiciens" avec le "peuple". Il faudra trouver mieux qu'une émission avec Hanouna pour amadouer ce dernier.

Robin Burglin - www.mooslargue.net

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