Moos et Niederlarg dans la tourmente - Partie 5
Témoignage de Victor Déveille (1906-2004) sur le conflit 1919-1945 (suite de la partie 4)
Au commencement de la guerre, Victor Déveille était militaire français, affecté à Oltingue, sur la ligne Maginot. Lors de l’occupation allemande, le nom de la famille, considéré comme « trop français », sera germanisé en « Dewey ».
- En 1940, les français attendaient l’arrivée des allemands derrière la ligne Maginot. Les troupes en garnison avaient besoin de ravitaillement. Le village de Moos était un lieu de stockage pour l’alimentation des soldats au front. On trouvait donc beaucoup de denrées dans l’actuel local des pompiers (à Pfetterhouse, on trouvait le tabac et les cigarettes, à Seppois, c’était l’essence…). Un jour, avant l’arrivée des allemands, il y a eu un contrôle sanitaire. L’inspecteur, par erreur, considéra que les salamis n’étaient plus comestibles parce que moisis, et que les meules de fromages dégageaient une odeur trop forte et qu’il fallait s’en débarrasser ! Des roues entières de gruyère, et des kilos de salamis ont été enterrés dans la forêt au-dessus de l’Eglise. Le mot est passé et tout le monde s’est précipité pour aller creuser et récupérer les aliments !
- L’armée française souffrait de désorganisation, rien n’allait, les munitions étaient humides… La défaite n’a donc pas été étonnante. Lors de la débâcle de 1940, il a fallu détruire tout ce qu’on ne pouvait pas emporter et qui ne devait pas tomber aux mains des allemands. Le presbytère était un autre lieu de stockage. On a donc percé de nombreux tonneaux d’huile comestible. Mais certaines denrées n’ont pas pu être détruites : les boîtes de conserve, mais aussi des bouteilles de Champagne pour les officiers, apparemment plus solides ! Quand les troupes allemandes sont venues quelques jours après, ils ont appris que les habitants s’étaient servis… Ils ont alors donné l’ordre de rapporter tout. Mais les gens n’ont rapporté que ce qui ne leur plaisaient pas : des fayots ou encore des sardines !
- Le dimanche 16 juin 1940, il y a eu deux grandes explosions dans le village. Il fallait en effet couper la route aux troupes allemandes qui risquaient de venir du Rhin : le pont sur le Grumbach et le carrefour vers Durlinsdorf ont été dynamités. Lors de l’explosion, les tuiles de la grange se sont soulevées ! Des débris ont été projetés à plusieurs centaines de mètres à la ronde…
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Source: souvenirs collectés par Mathieu Lavarenne et qui étaient publiés sur l'ancien site internet de la commune de Mooslargue
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