Golf anti-chats (article du journal DNA du 29/05/2016)
Golf anti-chats
LES CHATS sont désormais « personæ non gratæ » du côté de Mooslargue. Plus exactement du côté du golf de Mooslargue, qu’on se le dise ! Un très officiel arrêté municipal vient en effet d’autoriser les brigades vertes à y mener des opérations de capture par piégeage des chats errants. « J’ai pris cet arrêté sur demande du golf de la Largue qui se plaint de la présence de ces bêtes », a déclaré le maire du village. Dans une lettre adressée à ses administrés, ce dernier a précisé que « l’arrêté autorisera la capture des chats errants du 1er au 15 juin dans et aux abords immédiats du golf de la Largue ». Le maire conseille par conséquent aux propriétaires d’un ou de plusieurs chats de veiller à ce qu’il(s) ne divague (nt) pas durant cette période et invite les propriétaires qui auraient perdu leur chat à s’adresser à la SPA. Car c’est elle qui procédera à la capture, à la stérilisation et à la remise en liberté sur les lieux de leur capture tous les chats errants.
Les chats ne seront donc pas « éliminés », mais simplement « stérilisés ». « Simplement » étant forcément un abus de langage humain, car parions que du point de vue des matous et des minettes « l’opération » ne devrait pas être trop appréciée.
« Chat échaudé… »
Paraphrasant l’adage « chat échaudé craint l’eau froide », les golfeurs estiment donc que « chat stérilisé craindra les greens et les fairways ». Précisons, à l’attention de ceux qui n’entendent rien au golf, que le « green » (le vert) et le fairway (l’allée) sont deux surfaces de jeu foulées par les golfeurs pour arriver jusqu’au trou. Les chats stérilisés fuiront-ils le golf ? Rien n’est moins sûr. Parce qu’un golf est un endroit où l’on glorifie, entre autres, les « birdies » (les « oisillons » en bon français), c’est-à-dire de très bons coups que tous les golfeurs cherchent à réaliser. Allez dès lors expliquer aux greffiers, harets et autres mistigris que les « oisillons » sundgauviens sont exclusivement réservés aux humains ! Dans notre beau pays, où le golf demeure pour la plupart des observateurs une activité élitiste, d’aucuns cherchent pourtant à casser cette image de jeu (de sport ?) pratiquée par des « vieux bourgeois ». L’épisode mooslarguais contribuera-t-il à démocratiser le golf ? Rien n’est moins sûr, parole de « Felis silvestris catus », appellation latine de la sous-espèce issue de la domestication du chat sauvage.
Car comment ne pas songer en ce moment funeste pour tous les matous amateurs de balades golfiques - pour continuer à filer la métaphore animalière - au bon mot attribué au chroniqueur sportif Dave Kindred ?
« Le golf est une folie passagère survenant dans un pâturage à vaches ». Une folie passagère où les vaches, les chats et les golfeurs sundgauviens ne font plus vraiment bon ménage ! A bon entendeur, « chat-lu ».
BERNARD JURTH
Source: DNA du 29/05/2016
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